fotofever , les clés du succès d’une Foire de Photographie contemporaine
Entretien avec Cécile Schall, fondatrice et directrice de la foire
Interview, rédacteur : Georges Maisonneuve
Entretien avec Cécile Schall, fondatrice et directrice de la foire
Interview, rédacteur : Georges Maisonneuve
Cécile Schall a l’âme photographique, elle baigne dans la photo depuis l’enfance (petite fille du photographe Roger Schall, célèbre au début du siècle dernier) ; après 15 ans dans le marketing de grands groupes, elle a appris auprès de Will Ramsay le management des foires (Honk-Kong, Miami, New-York...). Passionnée de photographie, elle a créé fotofever, Paris-Bruxelles, foire de photographie contemporaine
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> AVM : Les visiteurs se posent souvent cette question : quelles sont les particularités de fotofever par rapport à Paris-Photo, dont les calendriers sont identiques ; quel est son positionnement ?
> Cécile Schall : Fotofever est spécialisée dans la photographie contemporaine alors que Paris-Photo couvre aussi l’historique et le vintage ; par passion j’ai une volonté de promouvoir la photographie émergente, en sélectionnant les galeries qui la défendent : la nouveauté, la découverte, la fraîcheur, sont mes maîtres mots. Pour cela il y a une double sélection : si la moitié des galeries présentes sont fidèles et reviennent, l’autre moitié est composée chaque fois de nouvelles, dont une grande majorité d’étrangères (14 pays représentés) qui ne fréquentent pas les autres foires ; bien sûr les prix s’en ressentent et ceux de fotofever sont plus raisonnables
> AVM : La présence de galeries étrangères est forte, recherchée ?
> CS : A fotofever elle est proche des deux-tiers ; notre présence à Bruxelles a favorisé cette ouverture, surtout sur l’Europe de l’Est avec des contributions de la Russie, la Slovénie, etc, qui nous ont suivi à Paris, confirmant notre volonté internationale ; chaque année viennent de nouveaux pays, comme la Russie en 2015. La présence du Japon est importante, c’est un acteur incontournable de la photographie artistique ; par exemple en 2015 la galerie Tezukayama montre Daisuke Takakura, un artiste remarquable encore jamais montré en Occident
> AVM : Question de curiosité : par rapport aux artistes internationaux, à votre avis, les photographes français ont-il un style, une approche particulière ?
> ST : J’ai l’impression qu’ils sont beaucoup tournés vers le nu, peut-être par éducation classique ; c’est tout de même un peu facile ; mais nous nous intéressons beaucoup aux jeunes artistes français, avec le "fotoprize", un prix pour révéler leurs talents, qui donne une visibilité à un jeune diplômé d’une école d’art française pour l’aider à pénétrer le marché ; la lauréate présentée à fotofever en 2015 est Juliette Andréa Elie.
> AVM : > Quels sont les conseils que vous donneriez aux amateurs de photographie plutôt novices ?
> ST : Avant tout se laisser guider par leur coeur ! on est dans l’art, l’important est la rencontre avec l’oeuvre, l’émotion, c’est pourquoi il faut se donner le temps de regarder (et il n’est pas sûr que le meilleur moment soit le vernissage) ; la passion est primordiale, ce qui m’a conduit à dédier un espace au sein de fotofever pour montrer une collection inédite autour d’un thème (en 2015 : celle de Galila Barzilaï Hollander, sur la Chaise). Une anecdote témoin de "ma photo ferveur" : mon grand père Roger Schall (ndlr : photographe très connu des années 30) est exposé au bar de fotofever ! Ensuite la technique est aussi importante, il faut s’intéresser au tirage ; nous veillons à fotofever au respect du maximum de 30 exemplaires, tous formats inclus (ndlr : maximum pour une oeuvre originale) et même 10 voire 8 exemplaires ; c’est aussi ce qui nous différencie des circuits de vente en ligne ou des boutiques telles que Lumas ou YellowKorner (ndlr : tirages parfois par centaines)
> AVM : pour clore : Que pensez-vous du marché de la photographie plasticienne ; notamment : l’engouement observé ces dernières années va-t-il s’assagir, le public est-il en train de changer ?
> ST : "Photographie plasticienne" pour le grand public fait parfois référence à de grands noms dont les prix atteignent des sommets, donnant l’impression d’un medium inaccessible ; pourtant 80% des oeuvres d’art contemporain sont acquises à moins de 5000 € (tous mediums confondus, source Artprice) ; le marché de la photo contemporaine peut séduire une nouvelle génération, les collectionneurs de demain. C’est le plus jeune des mediums, qui parle à tous, donc dispose d’un important potentiel de croissance, développement qui doit s’accompagner d’une pédagogie pour qu’on n’entende plus "c’est cher... pour une photo", ou pour que l’édition en plusieurs exemplaires, qui n’a jamais été un frein en sculpture, ne soit plus considéré comme un frein à l’achat (ndlr : un "original" en sculpture ne peut dépasser 8 exempaires + 4 épreuves d’artistes)
> Cécile Schall : Fotofever est spécialisée dans la photographie contemporaine alors que Paris-Photo couvre aussi l’historique et le vintage ; par passion j’ai une volonté de promouvoir la photographie émergente, en sélectionnant les galeries qui la défendent : la nouveauté, la découverte, la fraîcheur, sont mes maîtres mots. Pour cela il y a une double sélection : si la moitié des galeries présentes sont fidèles et reviennent, l’autre moitié est composée chaque fois de nouvelles, dont une grande majorité d’étrangères (14 pays représentés) qui ne fréquentent pas les autres foires ; bien sûr les prix s’en ressentent et ceux de fotofever sont plus raisonnables
> AVM : La présence de galeries étrangères est forte, recherchée ?
> CS : A fotofever elle est proche des deux-tiers ; notre présence à Bruxelles a favorisé cette ouverture, surtout sur l’Europe de l’Est avec des contributions de la Russie, la Slovénie, etc, qui nous ont suivi à Paris, confirmant notre volonté internationale ; chaque année viennent de nouveaux pays, comme la Russie en 2015. La présence du Japon est importante, c’est un acteur incontournable de la photographie artistique ; par exemple en 2015 la galerie Tezukayama montre Daisuke Takakura, un artiste remarquable encore jamais montré en Occident
> AVM : Question de curiosité : par rapport aux artistes internationaux, à votre avis, les photographes français ont-il un style, une approche particulière ?
> ST : J’ai l’impression qu’ils sont beaucoup tournés vers le nu, peut-être par éducation classique ; c’est tout de même un peu facile ; mais nous nous intéressons beaucoup aux jeunes artistes français, avec le "fotoprize", un prix pour révéler leurs talents, qui donne une visibilité à un jeune diplômé d’une école d’art française pour l’aider à pénétrer le marché ; la lauréate présentée à fotofever en 2015 est Juliette Andréa Elie.
> AVM : > Quels sont les conseils que vous donneriez aux amateurs de photographie plutôt novices ?
> ST : Avant tout se laisser guider par leur coeur ! on est dans l’art, l’important est la rencontre avec l’oeuvre, l’émotion, c’est pourquoi il faut se donner le temps de regarder (et il n’est pas sûr que le meilleur moment soit le vernissage) ; la passion est primordiale, ce qui m’a conduit à dédier un espace au sein de fotofever pour montrer une collection inédite autour d’un thème (en 2015 : celle de Galila Barzilaï Hollander, sur la Chaise). Une anecdote témoin de "ma photo ferveur" : mon grand père Roger Schall (ndlr : photographe très connu des années 30) est exposé au bar de fotofever ! Ensuite la technique est aussi importante, il faut s’intéresser au tirage ; nous veillons à fotofever au respect du maximum de 30 exemplaires, tous formats inclus (ndlr : maximum pour une oeuvre originale) et même 10 voire 8 exemplaires ; c’est aussi ce qui nous différencie des circuits de vente en ligne ou des boutiques telles que Lumas ou YellowKorner (ndlr : tirages parfois par centaines)
> AVM : pour clore : Que pensez-vous du marché de la photographie plasticienne ; notamment : l’engouement observé ces dernières années va-t-il s’assagir, le public est-il en train de changer ?
> ST : "Photographie plasticienne" pour le grand public fait parfois référence à de grands noms dont les prix atteignent des sommets, donnant l’impression d’un medium inaccessible ; pourtant 80% des oeuvres d’art contemporain sont acquises à moins de 5000 € (tous mediums confondus, source Artprice) ; le marché de la photo contemporaine peut séduire une nouvelle génération, les collectionneurs de demain. C’est le plus jeune des mediums, qui parle à tous, donc dispose d’un important potentiel de croissance, développement qui doit s’accompagner d’une pédagogie pour qu’on n’entende plus "c’est cher... pour une photo", ou pour que l’édition en plusieurs exemplaires, qui n’a jamais été un frein en sculpture, ne soit plus considéré comme un frein à l’achat (ndlr : un "original" en sculpture ne peut dépasser 8 exempaires + 4 épreuves d’artistes)